
La rencontre devait être bon enfant et conviviale. Nous avions prévu café, confitures et biscottes de la Chantéracoise. Mais au petit matin, à Paussac où le bus avait fait halte, coup de théâtre !
Une interdiction de circuler sur deux routes et deux pistes DFCI pour le bus, au motif du projet de manifestation par les ETF (exploitants de travaux forestiers) et de la possibilité de troubles à l’ordre public, a bouleversé les plans des deux associations environnementales. Face à cette interdiction de manifestation déguisée, elles ont donc décidé de changer d’itinéraire et de se rendre devant une autre coupe, route du Cantarius.
Là, les représentants des ETF et de la filière bois, prévenus du passage du bus, ont bloqué la route et ont vivement interpellé les personnes présentes pour empêcher Canopée de rejoindre SOS Forêt Dordogne. Après quelques échanges tendus, et un début de dialogue, la gendarmerie est intervenue pour rétablir le calme. Les véhicules ont été déplacés, et le bus a finalement pu rejoindre les Périgourdins qui attendaient près du chantier forestier.
Nous remercions vivement ceux qui sont restés malgré les tensions sur le terrain.
Par la suite, les représentants de la filière bois sont venus nous rejoindre, brandissant une banderole qui accuse les associations qu’ils qualifient d’extrémistes (devons-nous comprendre environnementales ?) de pousser leurs adhérents et sympathisants à la dégradation d’abatteuses. Leur colère s’explique, et nous la comprenons : nous avons toujours condamné la destruction de matériel. Ces échanges ont permis de trouver des points d’accord et d’apaisement.
Mais plusieurs questions demeurent :
- Pourquoi l’événement a-t-il été rendu impossible au dernier moment ?
- Comment la préfecture, si elle souhaite vraiment éviter les troubles à l’ordre public, n’a-t-elle pas interdit une contre manifestation des professionnels de la filière , en même temps et au même endroit ?
- Par quelle conception de l’ordre public de telles décisions sont-elles guidées alors que clairement notre manifestation, comme toutes celles que nous organisons, était une manifestation pacifique et qu’il était évident que celle des professionnels était attisée par la colère de voir leur action mise en accusation ?
- Nos forces de l’ordre ne sont-elles donc pas en capacité d’assurer la sécurité de nos manifestants tout en tolérant la manifestation de nos opposants sur un autre site?
- Pourquoi le Syndicat des Sylviculteurs, qui prône l’apaisement en réunions à la préfecture, attise-t-il la colère en sous main sur le terrain, tout en affirmant le contraire dans la presse (voir article d’Ici Périgord plus bas)?
- Pourquoi semble-t-il toujours défendre les intérêts des ETF avant ceux des propriétaires (voir notre article sur la préservation des sols forestiers)?
- De quoi ce syndicat a-t-il peur ?
- Est-il réellement représentatif de ses adhérents ou sert-il des intérêts personnels ?
Une chose est sûre : cette agitation et ces conflits avec les professionnels attisés par des tiers détournent l’attention du vrai sujet : le cœur du problème reste la destruction de nos écosystèmes forestiers.
Et c’est bien là-dessus que nous devons concentrer notre énergie et le débat public.

Nous invitons les représentants des ETF et de la filière bois à venir boire un café avec nous la prochaine fois, afin de pouvoir dialoguer sans s’invectiver.
Une fois de plus, nous rappelons que nous critiquons un système, dont, à notre sens, la plupart des ETF sont également les victimes et pas les femmes et les hommes qui font ce métier. Contrairement à ce qu’affirme la banderole des ETF, nous ne sommes pas une association extrémiste : nous sommes un collectif de citoyens inquiets pour l’avenir de nos concitoyens, des générations qui nous suivent et dont les enfants et petits-enfants des ETF présents à la manifestation font partie.
Nos discours s’appuient sur des données scientifiques, reconnues désormais au plus haut niveau institutionnel (Agence Européenne de l’Environnement, 29 septembre 2025).
Rappelons également que nous sommes des militants bénévoles, qui engageons notre énergie, une grande partie de notre temps de vie (et parfois de nos finances) dans un combat qui nous paraît vital pour l’ensemble du vivant dont nos concitoyens font partie. Qui trouvons-nous face à nous ?
Des hommes et des femmes qui font leur travail certes, mais d’une façon que nous estimons préjudiciable à l’intérêt général et que nous engageons à trouver une voie et des moyens plus respectueux des forêts et du vivant : réfléchissons- y ensemble !
Et un Syndicat des Sylviculteurs de Dordogne qui s’affiche du côté du pseudo bon sens et de la tradition mais qui attise les conflits et refuse toute évolution par principe, y compris dans les réunions en préfecture. Nous invitons tous les lecteurs de cet article et au-delà à réfléchir : qui a des intérêts cachés à ce que rien ne change ?
Les ETF ne seraient-ils pas aussi voire plus heureux de travailler dans des forêts préservées et pleines de vie ?
Une fois encore nous leur tendons la main et les invitons à réfléchir aux enjeux cachés de ce conflit !
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