La malforestation

Pourquoi SOS Forêt Dordogne milite contre l’enrésinement des massifs périgourdins ?

On appelle également cet enrésinement malforestation : nous considérons que c’est une façon de gérer les forêts inadaptée. Du reste, une plantation de pins n’est pas pour nous (et pour tous les amoureux de la nature) une vraie forêt, c’est plutôt un champ d’arbres !

Nous luttons contre l’industrialisation de la sylviculture : nous ne sommes pas opposés à la coupe de bois mais souhaitons qu’elle soit une sylviculture d’arbres plutôt qu’une sylviculture de parcelles. Pour le dire autrement nous pensons idiot et contreproductif de raser de grandes parcelles pour les laisser à nu alors qu’on pourrait couper certains arbres arrivés à maturité en laissant les autres autour : cela s’appelle la Sylviculture Mélangée à Couvert Continu (SMCC) ou futaie jardinée ou encore futaie irrégulière.

Quels sont les ravages dûs à l’enrésinement des massifs?

L’enrésinement :

  • acidifie les sols, les déstructure par l’action mécanique des gros engins utilisés, les assèche en provoquant érosion et ruissellement: les eaux de pluie ne sont plus retenues par les racines et les microporosités créés par les vers de terre présents dans un humus riche, comme sous les feuillus
  • amplifie les phénomènes d’érosion
  • impacte massivement la biodiversité :
    • moins de formation d’humus : les aiguilles de pins mettent beaucoup de temps à se décomposer
    • donc moins d’organismes vivants dans les sols
    • appauvrissement de la végétation de surface :sols pauvres, manque de lumière
  • multiplie les risques d’incendie : les résineux brûlent mieux que les feuillus, les forêts mixtes résistent mieux.
  • multiplie les effets des intempéries
    • tempêtes: les arbres alignés sont plus sensibles aux effets du vent, compte tenu des couloirs que créent ces types de boisements résineux en ligne et de leurs systèmes racinaires moins résistants.
    • pluies diluviennes : le sol acidifié est moins riche en humus et possède donc une vie souterraine moins active. Ainsi tout le travail généré par les micro-organismes ou par les vers de terre à l’origine des galeries qui aèrent les sols et permettent à l’eau de s’infiltrer, n’existe pas dans les plantations monospécifiques de résineux » / Les champs d’arbres !
    • grêle : l’épisode de forte grêle dans le Ribéracois a montré une nouvelle facette de la fragilité des résineux : les jeunes arbres fortement impactés par les grêlons ont été fragilisés, l’occasion pour les scolytes de s’y installer. Si, en 2024 le constat a pu être fait d’une attaque massive sur la plupart des résineux en place, force est de constater la bonne résistance des feuillus, notamment les chênes qui, bien qu’impactés sont de nouveau en feuilles.
  • rend les peuplements plus sensibles aux attaques de parasites du fait qu’ils se composent principalement d’une seule essence : laquelle, lorsque les parasites attaquent, offre un énorme garde-manger ! A contrario des forêts mélangées, qui elles, réduisent ce risque par la mixité des essences et des classes d’âges, à l’image du bouleau qui émet naturellement une molécule aux propriétés répulsives pour l’hylobe (le méthyle-salicylate). Ainsi en mélange avec le douglas, il constitue une barrière naturelle ;
  • participe au dérèglement climatique par l’élévation de la température (absence de l’effet tampon observé dans les forêts de feuillus): pour s’en convaincre, il suffit de faire l’expérience et d’aller marcher sous une plantation de pins puis sous un couvert forestier ;
  • ne nous procure pas le bonheur que l’on peut éprouver à se promener dans une vraie forêt !

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