Une piste DFCI inaugurée en Forêt Barade … avec la participation de SOS Forêt Dordogne !

Jeudi 13 avril 2023 à 10h, était inaugurée une nouvelle portion de la DFCI , à la frontière entre la Commune de Fossemagne (24210) et celle de Bars (24210). Plus précisément à l’intersection de cette piste et de la “Route de la Forêt Barade”, en plein cœur de la Forêt Domaniale(= Territoire de l’emblématique Jacquou le Croquant).


longitude : 1.0168°/ latitude : 45.1065°

Une cinquantaine de personnes étaient présentes : préfet, sous-préfète de Sarlat, le président de la Communauté de communes du “Terrassonnais et Haut Périgord Noir” (qui est également élu départemental), mairesses de Fossemagne, Plazac (cette dame étant également élue au Département, à la commission agriculture-forêt), de Lalinde, maire de Rouffignac St Cernin , adjoint au maire de Bars, pompiers locaux avec le contrôleur général du SDIS 24, responsable de l’Unité Territoriale de l’ONF qui a en charge les 3000 hectares de Forêts Domaniales de Dordogne, le Président du SMO DFCI 24 (également président de la Chambre d’Agriculture et maire de Villamblard) et “techniciens” DFCI en uniforme, sans oublier tous les propriétaires forestiers riverains1 et les chauffeurs des voitures de luxe préfectorales…

Une presse écrite (Dordogne Libre et Sud Ouest) bien présente et très active (interviews et photos) jusqu’au vin d’honneur final pour compléter leurs longues interviews, ainsi que France Bleue Périgord (qui ne s’est nullement intéressé à nos trublions), accompagnée des différents photographes des nombreux “Services de Com” (Préfecture, pompiers, etc.).

A tout ce beau monde se sont ajoutés un co-président de SOS Forêt Dordogne, ainsi qu’un propriétaire forestier bien connu des autorités et du monde forestier pour ses positions tranchées et peu compatibles avec les credo de la filière industrielle… Ils n’étaient visiblement pas attendus…

Il s’agissait pour eux d’attirer l’attention du préfet, toujours prompt à soutenir la filière bois et les objectifs gouvernementaux du bois énergie (dont nous craignons qu’ils ne détruisent définitivement notre biodiversité, la qualité de nos forêts et défigurent nos paysages) sur les véritables enjeux de la sylviculture périgourdine, loin des pratiques et discours officiels actuels. Cordialement invité avec son compagnon par la maire de Fossemagne, notre co-président est donc arrivé au vin d’honneur muni d’un courrier de l’association, qu’il a pu remettre au préfet.

Avant l’arrivée du cortège officiel, le jeune “Maître de Cérémonie”, en uniforme DFCI a essayé de chasser notre compère, modeste “propriétaire” forestier “cueilleur d’Arbres” d’une commune voisine et trublion notoire. Il était venu en costume de Croquant avec une fourche où était attachée une pancarte sur laquelle on lisait «Jacquou revient (ils sont fous), ils plantent des champs d’allumettes partout»…


On notera
les balles de ping-pong en tête de fourche pour signaler, à la maréchaussée, que ce n’est pas “une arme par destination” et que la Forêt Barade n’est pas à Sainte-Soline.
Nous sommes seulement des “”éco-terroristes”” (comme le prétend le ministre de l’intérieur) pacifiques et à la retraite en plus…

Cette intervention a donné lieu à un échange oral quelque peu “enflammé”, en présence des propriétaires concernés, mais pas franchement bienveillants, qui attendaient aussi.

Petit florilège des propos entendus :

  • Nous ne sommes pas là pour parler de ça… Nous sommes là pour parler de Prévention incendie à travers les DFCI… Vous n’avez rien à faire ici…
  • Eh bien justement, nous aussi sommes là pour parler de “Prévention avant la Prévention”… C’est à dire des surfaces hyper-inflammables que sont les plantations monospécifiques de pins et ce pour les 20 années qui suivent, au moins… En outre, tout cela (pistes DFCI et plantations domaniales), c’est de l’argent public (Europe, État, Région), nous payons des impôts, ça nous donne le droit d’être ici1

Échange interrompu par l’arrivée du cortège officiel.

À noter : aucune trace de gendarmes en uniforme de combat… (Il faut avouer que c’était aussi “Jour de manif Retraite” ailleurs… Faut choisir…)

Notons tout de suite que le personnage a été très remarqué et qu’il s’est fait alpaguer de nouveau par la mairesse de Lalinde et la sous-préfète qui trouvaient sa présence incongrue.

Comme attendu, les discours ont été “convenus” et ont relayé la doxa officielle. Pendant ceux-ci, la sous-préfète a de nouveau interpellé notre compère propriétaire, pour qu’il sorte du groupe avec sa pancarte,  inquiète qu’il soit sur la photo de famille : mais il était précisément venu pour ça !

Quelques informations glanées :

  • Ce tronçon de piste, qui rejoint celle de Rouffignac (Château de l’Herm), fait 4 km sur environ 8 mètres de large. Il a finalement coûté aux différents contribuables (Europe, État, Région) 200 000 € = 50 000 € du km…
  • Tout le monde a entamé son couplet sur la nécessaire Prévention, on a beaucoup entendu parlé de mégots jetés et même de loi à venir interdisant de fumer en forêt, le Préfet a fait l’annonce des avions qui seraient basés à Mérignac et a même cité “l’anecdote”, de l’été 2022, sur un départ de feu dans La Double «qui aurait pu être très violent, n’est-ce pas Mr le Contrôleur Général» et qui a été, par hasard, stoppé grâce à un avion qui se dirigeait vers la Gironde…
  • Mais personne n’a abordé le sujet de ce qui brûlait particulièrement bien…

Nos deux manifestants ont été interviewés (et photographiés devant l’étatique champ de pins incriminé) par la Dordogne Libre puis par Sud Ouest, France Bleue est repartie rapidement après l’interview du préfet.

Puis, à 11h30, vin d’honneur à la salle des fêtes de Fossemagne… Lors de ces festivités complémentaires, les fonctions redeviennent un peu plus humaines et abordables… :

  • notre co-président a interpellé le préfet et lui a remis la lettre ; un homme abordable et à l’écoute qui a indiqué qu’il prenait acte de notre souhait de le rencontrer … à suivre.
  • Il a distribué les flyers de SOS Forêt 24 destinés aux élus, aux maires présents et au président de la com com du Térrassonnais et leur a précisé qu’ils n’hésitent pas à nous contacter;
  • Le représentant de l’ONF a semblé minimiser l’impact de l’enrésinement sur la Forêt Barade … tiens ?

Au final, une nouvelle occasion d’interpeller nos autorités et de leur rappeler qu’elles suivent – et promeuvent – un chemin à rebours de l’histoire et de l’intérêt général. La Forêt Barade en est un bon exemple, avec son reboisement en conifères largement bénéficiaire de financements européens et de l’État. On notera avec consternation l’appellation mensongère de « Travaux de reboisement « Résilience » en forêt domaniale de Barade ». Qui croit encore sincèrement que la plantation de conifères est un chemin vers la résilience ?

Nous continuerons à jouer les mouches du coche et alerter sans relâche… La survie de nos forêts est à ce prix !

1 Rappel (que le Préfet a fait lors de son discours…) : il suffit du refus d’un propriétaire pour que la piste DFCI ne se construise pas… La “fête” était donc un peu en leur honneur !

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